Fin de règne pour Paul-Henri Sandaogo Damiba. Le chef de la junte militaire qui a pris le pouvoir au Burkina Faso en janvier vient d’être démis de ses fonctions après une journée tumultueuse sur fond de bruits de bottes au pays des hommes intègres.

«Le lieutenant-colonel Damiba est démis de ses fonctions de président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration», ont déclaré ce vendredi soir les militaires insurgés dans un communiqué lu par un capitaine à la télévision. 

Tôt ce matin, des hommes armés ont tiré des coups de feu dans le quartier de la présidence et du QG de la junte militaire. Des axes stratégiques de la capitale du Burkina Faso avaient été bloqués, et le signal de la télévision nationale, RTB, coupé avant d’être rétabli.

S’agissait-il d’un coup d’État en cours ou simplement d’une mutinerie? La situation était en tout cas confuse toute la journée. Même si les Ouagalais ont timidement vaqué à leurs occupations et que le pouvoir militaire a tenté un coup de communication avec le passage à la télévision nationale, d’une récente visite du désormais ex-chef d’État, la prudence était de mise ce vendredi dans la capitale.

Désormais, plus de doute. Paul-Henri Damiba a été destitué par les putschistes qui ont également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes à partir de minuit, la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement. Un couvre-feu de 21h00 à 05h00 est aussi mis en place.

Le nouvel homme fort du pays, désigné président du MPSR, est désormais le capitaine Ibrahim Traoré, selon la déclaration des putschistes.

Les aventures de Damiba

Après avoir renversé le président Roch Marc Christian Kaboré le 24 janvier 2022, le lieutenant-colonel Damiba avait fait de la lutte contre le terrorisme sa principale priorité. Malheureusement, il n’a jamais réussi à repousser les groupes terroristes qui continuent de prendre des proportions importantes du territoire burkinabè.

Seule grande réalisation politique éclatante de ce militaire âgé de la quarantaine, c’est d’avoir réussi à favoriser le retour au pays de Blaise Compaoré, l’ancien président chassé du pouvoir en 2014 par un soulèvement populaire. Pour les détracteurs de Damiba et surtout les partisans de l’ancien chef d’État Thomas Sankara, c’était une façon déguisée de réhabiliter Blaise Compaoré contre qui pèsent plusieurs chefs d’accusation dont l’assassinat de Sankara.

Au Burkina Faso où l’héritage de Thomas Sankara est encore prégnant, Paul-Henri Damiba est plutôt perçu par une frange importante de la jeunesse notamment les influents activistes comme un « aventurier » qui s’est pris les pieds dans le tapis. « Damiba n’est ni Goïta ni Doumbouya« , pense cet étudiant en droit à l’université de Ouagadougou que nous avons rencontré ce soir.

Vis-à-vis de la CEDEAO et de l’ancienne puissance coloniale, Damiba avait une position plutôt ambiguë. Pour de nombreux Burkinabè assoiffés de tourner la page de la tutelle française, ce lieutenant-colonel n’était pas à la hauteur des colonels Assimi Goïta ou Mamady Doumbouya considérés ici comme le JJ Rawlings et le Thomas Sankara du 21e siècle.

Le blocage d’un convoi de l’armée française à Kaya en 2021 et les slogans anti-français à l’annonce de la destitution du colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba confirment qu’au Burkina Faso aussi, le sentiment d’avoir des Goïta ou des Doumbouya est très fort. Comme le disent les Anglais, wait and see.

P K Source extérieure

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